La peinture peut être considérée comme un second temps, celui de l'inclination subjective où le désir est un désir de formes, où l'énergie est une énergie idéalisée dans le choeur des couleurs, dans la partialité des aspiration.
Et Hayat SAIDI appartient justement à ce lieu intime, à cet autre temps distancié de la peinture, avec sa rêverie, son énergie tactile, son goût du travail, son heureuse liberté de peindre, ses aspirations chromatiques, la vérité de ses gestes, sa greffe du temps comme temps personnel, impondérable, pris su le temps. En regardant ses dernières toiles, on constate instantanément qu'elle possède sa résonance intérieure, sa capacité de se confronter au problème formel de l'expression plastique tout en sachant que c'est sous les pas que se forme le chemin; et que peindre même modestement est aussi une façon d'avoir affaire aux conventionnel, et la possibilité de décentrer le monopole de la beauté, de faire autre chose avec ses mains, d'orienter son regard vers les possibles à inventer.

Chez Saidi il existe une consistance qu'elle tire du jeu sensoriel du mouvement et de l'idée qui est derrière ses gestes, ses inflexions, ses métaphores. Opacifié ou rendu méconnaissable à force de triturations ou d'abstraction ou d'empâtements ou de surimpression , le sujet dépeint n'en demeure pas mons actif, un peu fantomatique commes les figures frêles, hiératiques, comme les référents culturels marocains qui marquent discrètement l'espace peint. Soutenues par une sorte de lyrisme abstrait, peintes essentiellement à l'huile, les surfaces de son travail éloignent immédiatement de l'abstrait froid et de la simple répétition impersonnelle pour plonger le travail dans une frange intermédiaire entre suggestionsn symbolisme et déploiement des couleurs vives traitées à égalité en forme de faisceaux verticaux, d'éppaisseurs successives des touches, des transparences colorés, fraîches, des frémissements de lumières, des choses éveillées à leur ascension. Car l'idée de l'ascension, de l'élévation s'impose dans son travail présent. On a l'impression que tout part d'en bas : objets, corps, lumière.

L'espace est ainsi traité selon le regard et la nécessité de le percevoir d'une certaine façon. peindre là où se met la vie, la où il y a une sorte de mobilité qui fait rejoindre les éléments, les méler selon les élans du peintre, sa nostalgie du monde, son désir d'allégorie.
Secret de ces peintures que seul l'oeil caresse, selon le pacte traditionnel avec le visible invoqué, sollicité dans ses degrès. L'espace peint est ici une sorte d'instinct qui opère par fluidité pour accueillir les événements essentiels qui lui viennent de la vie des couleurs et de sa mémoire d'être.
Le corps du peintre y est et cela se sent ; et ce n'est pas un hasard si hayat SAIDI peint presque totalement avec ses mains, ses doigts qui entraînent sont imagination, animent son esprit dans la suspension des outils usuels. Ses mains voient, pensent supputent, palpent, discernent, touchent, dessinent, expertes dans le prolongement du regard, dans la production des bouquets de figures, des volumes de couleurs, des spéculations géométriques, des combinaisons de matière. La main et le regard travaillent de concert dans un même geste solidaire, soutenu par l'immédiate inspiration. le corps est la donc et il doit y avoir chez elle une certaine vitesse pour faire déployer les événements picturaux, pour rendre possible la transfiguration des espaces, pour donner un côté féerique aux choses, à l'identité des choses par des gestes appuyés ou furtifs.

Cette identité ou des identités sont travaillées de telle façon à rendre leur aspect sensible, leurs schèmes, leur flottement sous de fortes et grandes ondées de couleurs claires, de reflets et transparences captives. Il ya de la lumière à la surface des choses, un frémissement de l'immédiat.
Ces couleurs chatoyantes intensifients les apparences, donnent libre cours au pulsions qui habitent la peintre, agitent des lambeaux de couleurs diverses :
blanc, jaune, vert, roufe etc. avec leur dégradés ou l'effet de leurs surimpressions ou des volumes ou filaments foncés (comme le travail intéressant du noir dans des espaces clairs).
Ce qui est irréductible ici, c'est bien la suggestion. La peinture de Hayat SAIDI ne dit pas, elle suggère. Le monde est filtré par le mouvements, les coulées de couleurs.
Mais ces mouvements ne sont pas absolus, ils sont liés à des volumes solides dont on remarque les tracés, les contours, les structures, les masses (maison, espaces familiers, seuils, bouches de médina, référents ornementaic marocains..).
Ce qui importe ici c'est l'existence de deux états de choses : le statique, le figé et l'aérien. Ce dernier libère le premier des pesanteurs terrestres, lui donne de la spiritualité, de la lévitation. Ce qui explique le mouvement des corps vers le haut.
il résulte de ces deux états et de leur coexistence une combinaison frappante de l'unité et de la tension, du socle et de l'arrachement, de la station et du voyage. Cela témoigne d'une force de l'expression et d'une mémoire créatrice porteuse de formes vivantes, de correspondances rêveuses, de surgissements de clarté.

Université Ibn Zohr - Agadir Wahbi Hassan

HAYAT SAIDI - Artiste Peintre International



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